L'institut du discours propose des conférences organisées pour former et transmettre dans un format "conférence".
Ces conférences sont destinées :
aux journalistes,
aux personnes politiquement exposées,
aux responsables de la communication de toute spécialité,
à tous ceux qui s'intéressent aux phénomènes liés aux discours oraux ou écrits.
N'hésitez pas à demander le sujet qui vous intéresse en écrivant à contact@institutdudiscours.fr.
Les conférence suivantes sont proposées dans le cadre de l’institut :
par Yana Grinshpun
Cette conférence aborde la construction du mythe du langage dit "inclusif" et l'écriture dite "inclusive". La formule “écriture inclusive” est une confusion entre plusieurs paliers de la langue. Tout dans cette formule pose problème. Les termes « écriture » et «inclusive» ne renvoient ni à l’écriture ni à l’inclusion.
Pour comprendre de quoi il s’agit, il convient de s’arrêter sur la terminologie utilisée et de la définir. La définition fondée sur les connaissances linguistiques permettra de rendre compte des usages inappropriés des termes et de la manière dont se construit une imposture linguistique, sociale et idéologique.
La première partie de la conférence est consacrée à la discussion du fonctionnement du genre grammatical en français. Même si cette information peut paraître technique de prime abord, elle est nécessaire pour comprendre les enjeux des promoteurs du français inclusif.
Cette partie est adaptable selon la demande. Elle peut être plus ou moins développée (aspects historiques de la formation du genre en français, étymologie, liens avec le latin etc.) ou très synthétique.
La deuxième partie de la conférence sera consacrée à l’analyse de la construction idéologique qui prétend agir au nom de l’égalité des sexes et de la justice sociale. Nous verrons que si l’introduction des raisonnements idéologiques dans la prescription linguistique n’est pas nouvelle, la description linguistique à travers le prisme moral est inédite dans l’histoire du français. Outre le fait que le langage est un outil cognitif d’entendement, il ne conditionne pas la pensée. La pensée est conditionnée par les intentions idéologiques de ceux qui utilisent le langage en manipulant la crédulité des gens animés par le désir d’un monde juste. “L’inclusivisme” linguistique est une des manipulations les plus spectaculaires de ce début du XXI siècle.
Une réflexion sur les raisons de la séduction qu'exercent les postulats inclusivistes sera également proposée.
par Yana Grinshpun
Le sujet de cette conférence est la construction et le fonctionnement de la propagande dans le monde contemporain. La propagande est généralement définie comme un système de diffusion de l’idéologie qui s’adresse à tous les acteurs sociaux, quel que soit leur niveau de connaissances et la nature de leurs croyances. La propagande a toujours une base théorique solide, un cadre méthodologique construit. Dans la société contemporaine, plusieurs idéologies peuvent co-exister en cherchant à s’imposer dans le domaine public. Par exemple, l’idéologie néo-féministe, l'idéologie décoloniale sont, sans doute, des idéologes dominantes, qui cherchent à s’imposer dans le domaine public. Pour ce faire, elles doivent s’appuyer sur une propagande dont le but est de toucher tous les domaines de la vie sociale: éducation, culture, art, littérature, politique, musique, sciences, sport, etc.
La nouveauté consiste dans le fait que les idéologies contemporaines sont formulées d’abord dans des contextes universitaires, au sein des facultés de lettres, et de philosophie, avant de se diffuser massivement dans la totalité de l’espace public.
Le développement du numérique, l’usage immodéré des plateformes, les phénomènes de dépendance massive aux réseaux sociaux rendent la diffusion de la propagande plus facile et plus rapide. Si naguère, les Ministères de la Propagande formaient des cadres spécialisés pour la diffuser, aujourd’hui, tout “idéologue” bien formé, maîtrisant l’art du discours construit, des outils informatiques et des connaissances psychologiques peut propager des idées librement.
Cette conférence se déroulera en deux temps:
Dans un premier temps, nous proposerons une définition de la propagande et aborderons ensuite sa différence par rapport à ce qui est appelé “l’idéologie”.
Dans un deuxième temps, nous examinerons les moyens (discursifs, visuels et auditifs) qui servent à diffuser une propagande.
Nous terminerons avec quelques considérations sur les moyens de reconnaître le discours propagandiste et d’échapper éventuellement à son emprise.
par Hubert Heckmann
Conférence sur la cancel culture. Que désigne-t-on par l'anglicisme « cancel culture » ? S'agit-il seulement d'une « culture de l'effacement », selon la francisation recommandée par l'Académie française ? L'histoire de la cancel culture depuis son émergence dans les mouvements progressistes américains de défense des minorités, mise en perspective dans une histoire plus large de la censure des opinions et des oeuvres, permet de comprendre les dangers qui menacent aujourd'hui, en France, le débat d'idées et l'art. L'expression « cancel culture » peut bien avoir un usage polémique, elle n'en décrit pas moins une réalité : celle d'une culture de la censure qui est en train de s'instaurer sous nos yeux au nom des meilleures intentions.
par Yana Grinshpun
Le mouvement qu’on appelle communément «politiquement correct » et qui vise la rectification de la langue puise ses racines dans le monde anglo-saxon. Il devient prépondérant dans l’univers social américain et canadien dans les années quatre-vingt-dix du XX° siècle, ensuite il gagne rapidement l’Europe et s’installe solidement dans le langage commun. Centré initialement sur les «minorités» considérées comme exclues de l’espace social : handicapés, femmes, minorités ethniques, etc. le politiquement correct s’étale également sur diverses réalités sociales perçues comme «blessantes». Ce phénomène psycho-socio-linguistique ne peut être compris que lorsque l’on en analyse toutes les composantes : linguistique, discursive, sociale, éthique et idéologique. Dans cette conférence, nous aborderons la problématique du politiquement correct en trois temps :
Dans un premier temps, seront abordés l’histoire de ce mouvement et ces principaux objectifs.
Dans un deuxième temps, seront présentés et expliqués les procédés linguistiques tels que nommer/dénommer/renommer, intrinsèques à la création et au fonctionnement de la langue modifiée par le politiquement correct. Dans cette partie, nous examinerons également le lien du politiquement correct avec les phénomènes socio-discursifs tels que insultes et injures.
Dans un troisième temps, nous discuterons le lien du politiquement correct avec la normativité idéologique en vigueur dans une société donnée.
par Gérard Rabinovitch
De la dérision à la moquerie, de la parodie à la satire, de la farce au burlesque, de la sottie au ricanement, de l’ironie au persifflage, de la raillerie au sarcasme, le champ lexical est vaste pour désigner les inflexions du rire de l’homme, distinguer leurs nuances stylistiques, différencier la plus ou moins grande légèreté de leur timbre, ou cruauté de leur mordant.
Un travail de culture, poinçonné d’éthique humanisante, au fil des siècles européens, a fini par formaliser et identifier un autre rire, celui de l’humour.
L’humour, en effet, c’est autre chose. L’humour est ce nom déposé sur une autre manière de rire. Il ne s’agit pas avec lui de donner nom à la jovialité, la luronnerie, la bonhommie, mais à une sorte de rire bienveillant, accroché de lucidité. L’humour est ce rire qui écrit par petites touches un livre de la condition humaine, dont comme pour Montaigne, elle est elle-même la matière.
L’historien de l’art, Erwin Panofsky l’a résumé assez joliment : « le sens de l’humour (…) qui ne se limite ni à l’esprit ni au comique, repose sur le fait qu’un homme qui prend conscience que le monde n’est pas exactement ce qu’il devrait être ne cède pas à la colère, et ne se croit pas lui-même indemne de toutes les laideurs, de tous les vices ou de tous les travers, petits ou grands, qu’il observe autour de lui ».
Et le philosophe Vladimir Jankélévitch, avant de poser que « personne ne peut confondre le sourire de l’humour au ricanement de l’ironie, donna à l’humour ce qui peut servir de définition principielle : « L’humour exige de l’homme qu’il se moque de lui-même pour qu’à l’idole renversée, démasqué, exorcisée, ne soit pas immédiatement substituée une autre idole ». Ce gain de civilisation fait l’objet d’une régression sous l’impact de l’anomie lexicale propre aux médias de masse, leur désinvolture simplificatrice, et leurs inclinaisons hyperboliques.
L’antonymie qu’inscrit le nom d’humour avec les autres formes de rire, et notoirement avec les plus malveillantes, s’en trouve effacée. La trivialisation du nom d’humour et de celui d’« humoristes », en nomination générique du moindre amuseur, fabricant laborieux et poussif de distractions comiques, tout comme les pire persifleurs, ricaneurs pourvoyeurs de sarcasme et railleurs malveillants, n’a pas comme conséquence un déficit de connaissance, elle rend illisible ce qui peut se tramer sur les estrades de l’Entertainment et inhibe la compréhension publique. En plus d’être lexicalement anomique, elle ouvre, sous le plus noble des noms du rire, une voie de frayage à la violence, la brutalité, la vulgarité, la cruauté. Sous un même dénominateur : Gad Elmaleh et Dieudonné, Raymond Devos et Jean Marie Bigard, Blanche Gardin et Laurent Baffi ? Vraiment ?!
Revisitant l’histoire des rires et l’anthropologie de leur distinction, il sera proposé, ici, de désembrouiller, les embrouillamini paresseux ou intéressés des contrefacteurs sémantiques de notre moment.